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La Biodiversité Terrestre
– Principaux écosystèmes
– Biodiversité Floristique
– Biodiversité Faunistique
Les principaux écosystèmes terrestres
A Madagascar, la Carte des formations végétales et Domaine forestier national (Carte 2.1), basée surtout à partir des études faites par M. H. Faramalala (1995), représente la situation la plus actuelle des écosystèmes terrestres.
Ces écosystèmes sont les habitats naturels très diversifiés des êtres-vivants, et les pressions qui pèsent sur eux, notamment sur les écosystèmes forestiers (22,6% de l’île), constituent également des menaces pour la biodiversité faunistique et floristique. Ils peuvent être classés en quatre grandes catégories, elles-mêmes subdivisées en plusieurs types (H. Humbert, 1965) :
– Les formations primaires, ayant existé depuis les temps anciens avant toute intervention humaine :
– Les forêts primaires (16% de l’île), ayant une forte diversité biologique
de la faune et la flore caractérisées par un taux élevé d’endémicité :
. forêts denses humides sempervirentes (versant oriental,
Sambirano et extrémité nord de l’île) ;
. forêts sclérophylles de montagne (Hautes Terres Centrales) ;
. forêts sclérophylles de moyenne altitude (versant occidental
du centre de l’île) ;
. forêts denses sèches caducifoliées (nord-ouest, ouest et sud-ouest).
– Les fourrés, soumis à des conditions climatiques sévères :
. fourrés de montagne (Hautes Terres) ;
. fourrés xérophiles ou bush (sud-ouest et sud).
– Les formations secondaires (63% de l’île) qui correspondent aux formes de dégradation des forêts primaires et se manifestent par différents stades évolutifs allant du stade ligneux (arbres, arbustes) au stade herbeux (savanes et steppes) :
. Les forêts secondaires ou savoka, formation arborée de la région orientale et du Sambirano qui s’installe après la destruction de la formation primaire par la pratique d’une agriculture basée sur l’usage du tavy (abattage de la forêt puis brûlage avant le semis). Elle a une composition très hétérogène et l’espèce prédominante confère une physionomie particulière à chaque type de savoka : savoka à Ravenala madagascariensis, savoka à Harungana madagascariensis, savoka à Trema orientalis, etc… . Les savanes, formation herbeuse pouvant comporter des bouquets d’arbres et arbustes plus ou moins isolés, et occupant de grandes espaces dans les régions occidentales et sur les Hautes Terres centrales et des zones assez limitées dans la région orientale. Elles proviennent de la destruction des forêts secondaires après défrichement et passages répétés des feux. A haute altitude où les conditions climatiques et pédologiques sont assez spéciales, la formation rencontrée est constituée par la prairie qui n’a pas la même composition floristique que la savane. . La steppe est une formation herbeuse ouverte du sud résultant du défrichement et de la dégradation des fourrés xérophiles. |
– Les formations particulières
Ces formations végétales spécialisées qui sont régies par des conditions écologiques particulières, forment autant d’écosystèmes naturels ayant de grandes ressemblances avec ceux des autres régions tropicales.
* Végétation des affleurements rocheux, très importante sur les dômes granitiques de la région centrale. Chaque massif ou groupe de massif est souvent le siège d’un microendémisme très net ;
* Végétation des marais et marécages (0,5% de l’île), très diversifiée surtout dans la région orientale, les régions centrale et occidentale, et dans les vallées humides et les dépressions temporairement inondables occupées par Raphia, Bismarkia ou Borassus. * Les mangroves (0,6% de l’île), formations forestières littorales constituées de végétaux assez particuliers qui sont adaptés à vivre dans un milieu soumis au rythme des marées. |
– Les plantations artificielles et les cultures
Les reboisements (0,5% de l’île), en grande partie constitués par des plantations d’essences exotiques à croissance rapide (Eucalyptus et Pins) réparties essentiellement dans les régions des hautes terres : Haut Mangoro, Haute Matsiatra, Vakinankaratra et Manankazo-Ankazobe. Des plantations d’Anacardiers sont localisées dans les régions de Mahajanga et d’Antsiranana.
Les différents types de cultures pratiquées souvent sur les anciens emplacements des différents types de formation forestière déjà détruite par l’homme : cultures vivrières, riziculture, cultures de rente, cultures maraîchères. |
Répartition de l’occupation des sols
Cette grande diversité des écosystèmes terrestres est déterminant pour expliquer la richesse floristique et faunistique exceptionnelle de l’île. Les forêts primaires renferment notamment de nombreuses essences à bois précieux et de grande valeur commerciale comme le palissandre (Dalbergia) ou l’ébène (Diospyros) et de nombreuses espèces de plantes médicinales, ornementales et aromatiques ; elles constituent aussi les habitats naturels de nombreuses espèces animales comme les Lémuriens qui font la particularité de Madagascar.
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Source : Inventaire Ecologique Forestier National, 1996
Les types de forêt
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Source : IEFN, 1996
La Biodiversité floristique terrestre
. Diversité
L’estimation du nombre total des taxons (espèces et variétés) chez les plantes vasculaires (Phanérogames et Ptéridophytes) varie selon les auteurs entre 8500 et 12000, répartis en 1200 à 1600 genres et appartenant à 200 familles environ.
Estimation de la richesse floristique selon divers auteurs
Depuis quelques années, un plus grand nombre de plantes vasculaires ont été décrites. A titre d’exemple, Dransfield et Beentje (1995) ont recensé 11 nouveaux genres et 70 nouvelles espèces tous endémiques de Palmae. Parmi les quelques 200 familles d’Angiospermes et de Ptéridophytes estimées présentes sur l’île, seules 176 sont traitées dans la Flore de Madagascar (Schatz et al., 1994) et certaines devraient être encore traitées ou révisées.
Les Gymnospermes ne sont représentés dans la flore autochtone que par 2 genres appartenant à 2 familles, à savoir les Podocarpaceae avec une seule espèce endémique Podocarpus madagascariensis et les Cycadaceae avec le genre Cycas (2 ou 3 espèces).
Les végétaux non vasculaires (Champignons, Bryophytes et Lichens) sont encore très peu connus. Les données sont souvent fragmentaires et les publications anciennes : Des Abbayes (1962) a recensé 13 familles de Lichens avec 36 genres et 44 espèces dont 16 endémiques.
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Source : IUCN/UNEP/WWF, 1987 ; Koechlin et al. 1974
. Endémisme
La flore malgache présente un taux d’endémisme élevé à tous les niveaux taxinomiques (familles, genres et espèces). Sur les 160 à 181 familles d’Angiospermes actuellement connues, et selon le système de classification adopté, 8 familles sont considérées comme étant entièrement endémiques de l’île.
Les familles endémiques malgaches
Le taux d’endémisme générique se situerait autour de 20%, avec un peu moins de 200 genres endémiques et monotypiques recensés jusqu’à maintenant.
Les estimations sur le taux d’endémisme au niveau des espèces varient entre 81 et 86%. En fait, ce taux peut être encore plus élevé lorsqu’on considère certains groupes taxinomiques ou certains types biologiques : 100% chez les Pachypodium, 97% pour les Palmae et 91% pour les Cyatheaceae ; 7 espèces typiquement malgaches de Baobabs (Adansonia, Bombacaceae) pour 1 seule espèce connue sur le continent africain. Il est aussi très prononcé au niveau régional : la plus grande concentration d’endémisme se trouve dans le sud de l’île (Koechlin, 1972) ; fort pourcentage d’espèces endémiques présentes dans la flore orophile des plateaux ou hautes montagnes (Dorr et al., 1989 ; Rajeriarison, 1996).
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Source : Monographie Nationale, 1997
. Archaïsme
La flore malgache actuelle est marquée par la persistance d’espèces ou de genres très archaïques du Gondwana appartenant à des familles seulement connues à l’état fossile sur les autres continents, surtout en Afrique. Un grand nombre d’exemples témoigne de l’existence d’Angiospermes très primitifs du Crétacé à Madagascar : Takhtajania (Winteraceae) ; Ascarina (Chlorantaceae) ; Cinnamosma (Cannellaceae) ; Voanioala, Ravenea (Palmaceae) ; Beilschmiedia, Cryptocarya (Lauraceae) ; Dicoryphe (Hamamelidaceae) [Leroy, 1996 ; Schatz, 1996 ; Rakotobe, 1996].
Ces trois caractéristiques en milieu naturel du patrimoine floristique de Madagascar, qui a des affinités taxinomiques avec la flore des autres pays tropicaux (Afrique, Asie, Australie et Amérique du Sud), lui confèrent une priorité mondiale en matière de préservation de la diversité végétale tropicale.
. Ressources phytogénétiques terrestres de type particulier
Les écosystèmes naturels abritent aussi des ressources phytogénétiques importantes pour l’alimentation et l’agriculture, notamment des espèces sauvages parfois endémiques et souvent menacées d’extinction à cause des risques de dégradation de leurs habitats naturels. Ces espèces « spontanées » sont apparentées à des plantes cultivées ou sont des plantes sauvages pour la production alimentaire et la production agricole pouvant être commercialement et/ou socialement importantes. Les quelques exemples plus ou moins connus sont les suivants :
– Riz :
Deux espèces de riz sauvages, Oryza longistaminata et Oryza punctata, poussent spontanément dans les régions marécageuses de l’Est, de l’Ouest et du Nord. Elles sont caractérisées par leur résistance au virus RYMV et à la plupart des insectes ravageurs du riz. Le manque d’intérêt qu’on leur porte pourrait contribuer à leur disparition à moyen terme, surtout qu’elles servent parfois de fourrages spontanés aux éleveurs.
– Sorgho :
La présence d’une espèce spontanée, Sorghum verticiflorum, est signalée dans le Moyen Ouest. Le potentiel génétique de cette plante, menacée de disparition tout en restant mal connu, est occulté par la toxicité de ses graines qui contiennent des produits à dérivé cyanhydrique.
– Vigne :
Deux espèces de vignes sauvages, Vigna vexillata et Vigna angivensis, qui sont des Légumineuses, existent à Madagascar. Leur principale qualité connue est leur résistance aux insectes de stockage.
– Plantes à tubercules :
De nombreuses espèces identifiées seulement par leurs noms vernaculaires et appartenant à différentes familles botaniques sont comestibles. Les plus connues sont les ignames sauvages du genre Discorea (Discoreaceae), Masiba ou Oviala, faisant l’objet de prélèvement intense mais de plus en plus difficile dans les forêts en période de soudure.
– Plantes fruitières :
De nombreux fruits de plantes sauvages, pouvant constituer des sources non négligeables en apport de vitamines, sont consommés dans les milieux ruraux : petites baies du Tapia (Uapaca bojeri), fruits de Strychnos, de Physalis et de Cactus, fèves de Baobab (Adansonia), plusieurs variétés d’agrume (Citrus), etc. Il est à noter l’existence du bananier sauvage (Musa perrieri) et celle d’une variété d’agrume rustique qui sert de porte-greffe à presque toutes les variétés améliorées introduites.
– Plantes à épices :
Des espèces comportant plusieurs variétés à vertu culinaire existent dans des habitats naturels de diverses régions de Madagascar : le « poivrier sauvage » ou Tsiferifery, des piments, Curcuma, Aframomum, etc.
– Plantes à fibre :
Plusieurs plantes poussant dans les savanes et les végétations secondaires sont exploitées pour leur fibre : Raphia farinifera (Palmae) à multiple usage mais qui meurt quand on en extrait le bourgeon terminal pour être consommé comme légume ; le paka (Urena lobata) utilisé pour la confection des sacs de jute ; le sisal sauvage ou « panpan » (Malvaceae) exploité pour confectionner des cordages, etc. La plupart est menacée de disparition du fait de leur surexploitation et aucune collection génétique de ces plantes à fibre ne semble exister pour le moment à Madagascar.
– Plantes apparentées aux cultures de rente, qui subsistent encore dans les forêts naturels : Quatre variétés de vanillier : Vanilla decaryana, V. madagascariensis, V. montagnaci et V. perrieri ; Plus d’une cinquantaine d’espèces de caféiers (Mascarocoffea). Certains de ces caféiers sauvages sont caractérisés par un faible taux ou l’absence de caféine dans leurs graines, et par une grande diversité de forme et d’adaptation écologique.