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– Principaux écosystèmes
– Biodiversité Floristique
– Biodiversité Faunistique
Ecosystèmes aquatiques
Les principaux écosystèmes aquatiques de Madagascar sont : les eaux souterraines et les eaux continentales de surface ou zones humides d’eau douce. Ces dernières sont les plus importantes en matière de diversité biologique et comprennent deux grandes catégories de milieux :
– Les milieux d’eau courante ou lotiques : ruisseaux, rivières et fleuves ;
– Les milieux d’eau stagnante ou lentiques : étangs, marais, marécages, tourbières, lacs, etc.
. Milieux lotiques
Madagascar dispose de plus de 3000 km environ de fleuves et rivières. Son réseau hydrographique est naturellement subdivisé en cinq grands bassins fluviaux sur les versants suivants :
– Le versant Nord-Est et Montagne d’Ambre – Le versant du Tsaratanana – Le versant Est – Le versant Ouest – Le versant Sud |
Les principaux bassins fluviaux de Madagascar
Sur le plan de la biodiversité, en raison de leur forte turbidité, les grands cours d’eau sont peu favorables à la vie aquatique ; les plantes submergées sont rares et seules quelques portions de cours d’eau sont poissonneuses.
. Milieux lentiques
Les principaux plans d’eau douce stagnante sont formés essentiellement par les lacs continentaux et les lacs littoraux ; ils occupent une superficie totale d’environ 2000 km².
– Lacs continentaux |
Les lacs continentaux sont plus particulièrement d’origines diverses : tectoniques, de plaines et de vallées alluviales, volcaniques, de barrage et artificiels (Tableau 8). Environ 1300 lacs (avec les lagunes) ont pu être recensés jusqu’à maintenant (Source : Lrsae/Cnre/Orstom).
Des six principaux lacs dont la superficie est supérieure à 30 km², quatre se trouvent dans la partie occidentale de l’île : Kinkony, Anketraka, Ihotry et Tsimanampetsotsa, et deux sont localisés dans les régions de l’Est et du Centre, respectivement : Alaotra et Itasy. La région de l’Ouest abrite par ailleurs de nombreux petits lacs d’une grande importance pour la biodiversité liée aux milieux lacustres. Les plans d’eau artificiel sont constitués par des lacs et réservoirs utilisés principalement pour : – La production d’électricité, les principaux barrages hydroélectriques sont : Mantasoa (17,8 km²), Tsiazompaniry (32,7 km²) et Antelomita dans la région d’Antananarivo ; Andekaleka et Mandraka dans la région Est ; Namorona dans la région Est de Fianarantsoa. – L’irrigation des zones de rizières : dans la cuvette de l’Alaotra et les plaines d’Andilamena (Sahamaloto, Antanifotsy, Maromandia, Bemaitso, Ambodivato) ; plusieurs réserves dans la région de Marovoay ( Amboromalandy, Ampijoroa…), dans la région de Manakara (réseau des marais d’Ambila) et dans la région d’Antananarivo (Ambohibao…). – L’approvisionnement en eau potable comme le lac de Mandroseza à Antananarivo. Au contraire de certains lacs ou réservoirs artificiels connus aussi comme zones de pêche (Mantasoa, Tsiazompaniry, Amboromalandy), ceux crées par creusement et décapage des fonds sont relativement peu productifs, car les berges, en particulier, restent généralement pauvres en végétation. |
– Lacs littoraux |
Les principaux lacs littoraux sont localisés dans la région orientale de l’île. Il s’agit d’un chapelet de lacs réunis par des canaux artificiels qui constitue tout au long de la côte, sur une distance de plus de 600 km, le canal des Pangalanes. L’eau y est très souvent douce mais elle devient saumâtre au contact de la dune côtière et à l’approche des exutoires vers la mer ou des embouchures des cours d’eau qui coupent le système des Pangalanes. |
– Marais d’eau douce et marécages |
Disséminés un peu partout dans l’île, ces deux types de plan d’eau peu profonde sont souvent associés aux inondations fréquentes ou à l’accumulation plus ou moins permanente de masses d’eau provenant de nappes phréatiques, de sources, de ruisseaux et d’eau de ruissellement. Ils sont très diversifiés quant à leurs dimensions et à la végétation qui les colonise.
Certains des marais les plus grands, les marécages, conservent une eau stagnante pendant la plus grande partie de l’année et sont souvent envahis par une végétation dominée par les zozoro (Cyperus madagascariensis), les papyrus (Cyperus papyrus), les roseaux (Phragmites) et les massettes (Typhia), et parfois par la jacinthe d’eau (Eichornia crassipes). Plusieurs d’entre eux sont des réserves importantes de plancton et de poissons. Certains sont progressivement transformés en rizières et utilisés parfois pour la pratique de la rizipisciculture. Les principales vastes zones marécageuses sont pour : – La région Est : Marais au Sud-Ouest du lac Alaotra (75 000ha), marais de Didy dans la région d’Ambatondrazaka, marais d’Ambila à Manakara, marais dans la région de Fontsivory-Farafangana, marais dans la région d’Andapa ; Les principaux lacs continentaux de Madagascar et leurs particularités biologiques |
– La région Ouest : dans les régions de Port-Bergé, de Besalampy et le long des fleuves comme la Betsiboka, la Tsiribihina et la Mangoky ;
– Les Hauts Plateaux : Betsimitatatra et les marais des environs d’Antananarivo, marais au sud du lac Itasy, marais dans la région d’Anjorobe et marais de la Matsiatra dans la région de Fianarantsoa, etc.
En plus, il faut signaler l’existence de mares temporaires, pouvant être permanentes, pendant la saison des pluies et qui ont une plus faible superficie. Appelées matsabory, elles sont souvent liées aux précédentes zones humides et se rencontrent notamment dans :
– La province de Mahajanga : régions d’Ambato-Boeny et Marovoay ; régions de Port-Bergé et Mampikony.
– La province de Toliara : régions de Miandrivazo et Belo-sur-Tsiribihina.
Fréquentées par différentes espèces d’oiseaux et de poissons, parfois endémiques, ces mares temporaires sont souvent utilisées après le retrait des eaux, pour différentes cultures vivrières (riziculture, arachide) ou industrielles (coton, tabac).
En 1998, Madagascar a ratifié la Convention de Ramsar sur les zones humides, engageant les gouvernements à promouvoir une utilisation rationnelle des zones humides situées sur leur territoire, et à désigner des zones humides d’importance internationale pour l’inscription sur la liste Ramsar. C’est ainsi que Madagascar est devenu la 113ème Partie contractante à ladite Convention, laquelle situation est entrée en vigueur le 25 Janvier 1999 ; les deux sites inscrites sur la liste Ramsar étant : la Réserve Naturelle de Tsimanampetsotsa et le complexe des lacs de Manambolomaty, dans la région d’Antsalova.
Biodiversité floristique aquatique
A Madagascar, les végétaux supérieurs aquatiques ont été très peu étudiés. Les inventaires déjà réalisées dans les différents programmes de recherche de ces dernières années (CNRE/ORSTOM/LRSAE) montrent cependant une certaine importance de la richesse et de l’endémicité spécifiques, quoique leurs niveaux soient très inférieurs à ceux rencontrés chez les végétaux terrestres. Les travaux de recensement des familles et des genres connus ne sont pas encore terminés, mais il apparaît qu’aucune famille des plantes aquatiques malgaches n’est endémique.
Récapitulatif sur les plantes aquatiques connues
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Source : CNRE/ORSTOM/LRSAE, 1996
– Richesse familiale
Sur les 60 familles connues, 8 appartiennent à l’embranchement des PTERIDOPHYTES et 52 à celui des SPERMAPHYTES. Parmi ces derniers, on distingue 20 familles de la classe des LILIOPSIDA et 32 familles appartenant à celle des MAGNOLIOPSIDA.
– Richesses générique et spécifique
Dans la classe des LILIOPSIDA, les familles renferment 112 genres et 364 espèces.
Dans la classe des MAGNOLIOPSIDA, le recensement actuel porte sur 73 genres et 124 espèces.
Parmi toutes ces espèces, certaines se rencontrent assez communément dans les zones humides : Raphia ruffia (Palmaceae) ; Phragmites mauritianus (Gramineae) ; Typhanodorum lindleyanum (Araceae) ; Centella asiatica (Apiaceae) ; Eichhornia crassipes (Pontéderiaceae) ; et les différentes espèces de Pandanus (Pandanaceae), Cyperus (Cyperaceae) et Nymphaea (Nymphaeaceae).
– Endémicité
Le seul genre qui soit endémique se trouve dans la classe des LILIOPSIDA, appartient à la famille des Pontederiaceae et est monotypique : Scholleropsis lutea, que l’on rencontre dans les ruisseaux et les étangs de l’Ouest, diffère de Eichhornia crassipes, espèce originaire d’Amérique, en particulier par différents caractères morphologiques de la fleur et des feuilles.
L’endémicité des plantes aquatiques se trouve presque exclusivement au niveau des espèces :
. Dans la classe des LILIOPSIDA, 153 espèces sont endémiques, soit 42,04 %. Cette endémisme se rencontre surtout à l’intérieur des familles des Cyperaceae, Aponogetonaceae, Pandanaceae et Eriocaulaceae.
. La famille des Cyperaceae contient le plus grand nombre d’espèces aquatiques endémiques, le genre Cyperus comporte 94 espèces dont 51 sont endémiques à Madagascar (54%).
. La famille des Aponogetonaceae possède 11 espèces, toutes endémiques malgaches : Aponogeton madagascariensis, A. fenestralis, A. bernieranus, A. quadragulatus, A. boiviniana, A. decaryi, A. ulvaceus, A. cordatus, A. tenuispicatus, A. longiplumulosus et A. capuronii. Selon la révision de Van Bruggen (1968), A. madagascariensis et A. fenestralis constituent une seule et même espèce. Le genre Aponogeton ayant une large répartition géographique s’étend cependant en Afrique, Asie et Australie du Nord. . Dans la famille des Pandanacéae, la systématique du genre Pandanus n’est pas encore achevée : parmi les espèces connues, 14 sont typiquement malgaches et rencontrées dans les zones humides. . Des espèces de la famille des Eriocaulaceae présentent une microendémicité. Par exemple, celles qui ne se trouvent que dans la région d’Antsirabe : Eriocaulon madagascariensis, E. hildebrandtii, E. heterochiton var. acuminatum et E. mokalense. |
- . Pour la classe des MAGNOLIOPSIDA, 48 espèces sont endémiques, soit 38,7%, et appartiennent aux familles des Hydrostachyaceae, Podostemonaceae et Quelques espèces carnivores sont rencontrées chez les Nepenthaceae, les Droseraceae et les Utriculariaceae.
. La famille des Hydrostachyacéae ne possède qu’un seul genre, Hydrostachys, lequel comprend 30 espèces dans le monde dont 17 sont endémiques malgaches.
. La famille des Népenthaceae, représentée par des lianes dans les zones humides, est caractérisée par l’existence de limbes modifiés en urnes operculées pouvant emprisonner des insectes qui sont ensuite digérés par un suc protéolytique. Deux espèces endémiques : Nepenthes madagascariensis dans la région de Tolagnaro et Nepenthes masoalensis dans le Nord-Est (Antalaha, Masoala et Maroantsetra). . Chez les Droseraceae, les feuilles sont verticillées ou en hélice, hérissées de poils glanduleux pouvant retenir les insectes. Les Drosères, plantes herbacées aquatiques ou terrestres, comprennent 4 espèces dont 1 endémique : Drosera madagascariensis. . Les espèces rencontrées dans la famille des Utriculariaceae sont des herbacées flottantes munies de petits sacs (utricules) où sont capturés et emmagasinés les petits invertébrés. Parmi les 7 espèces connues, 3 sont endémiques malgaches (43%) et localisées dans le Centre de l’Ile : Utricularia cervicornuta, U. imerinensis et U. perpusilla. |
– Rôle et Utilisation des plantes des zones humides
L’existence des plantes des zones humides revêt une grande importance vitale pour les animaux aquatiques et dans le maintien de l’équilibre de l’écosystème. Plusieurs espèces servent d’abris, de nichoir et de lieu de ponte à certains Oiseaux : Phragmites mauritianus, Cyperus madagascariensis et Typha angustifolia. Des espèces immergées telles Potamogeton javanicus, Ceratophyllum demersum, servent d’alimentation à des Poissons herbivores. D’autres rencontrées dans les cours d’eau comme Hydrostachys sont utilisées comme support et pour la nidification par des Insectes telles les Simulies, ou comme supports de ponte pour certains Batraciens.
Les fibres ou divers sous-produits tirés de plusieurs espèces végétales sont utilisés dans l’artisanat pour la vannerie : confection et le tressage de nattes, de paniers, de sacs, de van, de nasses ou de cordages. C’est le cas de : Raphia ruffia et de Raphia sp. qui fournissent aussi un tissu traditionnel (la rabane) ; Lepironia mucronata (Penjy) ; Cyperus madagascariensis ou papyrus (Zozoro) ; Cyperus latifolius (Herana) ; Eleocharis plantaginea (Harefo) ; Phragmites mauritianus ; Typha angustifolia (Vondro ou Masette). Les tubercules de Nymphaea stellata sont utilisées en teinture.
D’autres espèces sont utilisées en médecine traditionnelle : Drosera madagascariensis, pour ses qualités antispasmodiques et antitussives ; les tubercules de Nymphaea stellata, Potamogeton natans, Azolla pinnata, Lemna paucicostata, Oryza sativa et Ludwigia stolonifera, pour le traitement de diverses affections et maladies. Les extraits de quelques plantes sont utilisés dans l’industrie pharmaceutique, c’est le cas de Centella asiatica qui est dotée de propriété cicatrisante.
Les feuilles, les fruits et/ou les tubercules de certaines espèces sont comestibles et utilisées dans l’alimentation humaine : le Saonjo, Taro ou Caldesia ; Aponogeton ; Typhanodorum lindleyarum ; Centella et Hydrocotyle, etc. Les différentes variétés de riz Oriza prennent une place prépondérante dans l’agriculture et l’alimentation du pays. L’espèce Azolla pinnata en association avec des bactéries fixatrices d’azote, sert d’engrais vert aux agriculteurs de certaines régions.
Les fleurs de Nympheae lotus sont utilisées pour l’extraction d’huiles essentielles ou de parfum. D’autres espèces sont très prisées dans l’aquariophilie : Aponogeton madagascariensis ou fenestralis, Limnanthenum indicum et Ceratophyllum demersum.