AU RYTHME DES … MEMBRANOPHONES
La musique a toujours fait partie intégrante de la vie des Malgaches.
Plus que de simples outils de divertissement, les instruments traditionnels sont leurs complices et leurs confidents… Ils égrènent leur romantisme avec la valiha,
et sifflent leur joie avec le sodina.
Cordophones, idiophones, membranophones ou aérophones, tous ont leur petite histoire et leur grande particularité.
A VALIHA, REINES DES CORDOPHONES
Un morceau de bambou séché et travaillé, pourvu de cordes métalliques que le musicien pince de ses doigts agiles après les derniers réglages. Incluse dans la catégorie des cordophones (à cordes), la valiha est le plus célèbre des intruments traditionnels. On lui prête des origines orientales et après avoir traversé l’océan au gré des flux migratoires des peuples venus des terres lointaines, elle fut introduite à Madagascar, vers le début de l’ère chrétienne, avec l’arrivée des premiers immigrés de races autronésiennes et indiennes. Si la valiha diatonique traditionnelle nous est familière par ses accents romantiques, un rien plaintifs, mais d’une plage d’utilisation limitée, sa version plus « moderne », la valiha chromatique, s’attaque sans « complexe » à la musique occidentale et s’autorise même quelques morceaux de bravour devant une partition classique ! Le jazz et le blues ne l’impressionnent pas davantage quand elle se trouve entre les mains d’un virtuose…
La musique servant à extérioriser les sentiments de l’artiste, l’instrument doit, quant à lui, entrer en harmonie avec celui qui en joue. Le Malgache trouve largement son compte avec la valiha, qui lui permet de manifester, en profondeur, non seulement sa culture musicale mais aussi et surtout les sensibilités de son âme.
On trouve également dans ce groupe, le jejy voatavo, initialement utilisé par les Malgaches, les Egyptiens et les Swahilis et le lokanga bara. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un instrument que l’on trouve essentiellement chez les Bara, tribu de pasteurs vivant sur les hautes-terres du Sud, dans la région d’Ihosy.
Instruments de musique Madagascar
La « valiha » est le plus célèbre des instruments
traditionnels malgache
Photo : Dadou
L’IDIOPHONE « ATRANATRANA » POUR COMMUNIQUER AVEC LES ESPRITS
Pour l’atranatrana, comme pour tous les instruments idiophones, le son s’obtient par frottement. Ici, c’est le contact entre le morceau de bois, servant de mailloche, et plusieurs lamelles de bois de longueurs différentes, disposées en clavier, qui donne une musique très douce. Chaque lamelle émet un son différent. Dans les anciens temps, une femme désirant un enfant s’accompagnait de l’atranatrana en chantant une prière pour implorer la grace divine. Plus tard, on en jouait pour accompagner les chants durant les évènements familiaux : veillées funèbres, circoncisions, naissances, mariages… Typiquement malgache et pratiquement introuvable ailleurs, le lamako (mâchoire de zébu) fait aussi partie des idiophones. L’instrument se compose de mâchoire supérieure et inférieure d’un zébu. Le son s’obtient par leur frottement. De nos jours, les applaudissements, qui produisent à peu près le même effet, ont suppléé au lamako. On peut le constater en écoutant des chansons folkloriques. Mais un lamako est aussi une batterie d’allégresse pour accueillir dans l’applaudissement l’annonce d’un événement heureux.
Musique traditionnelle Madagascar
Le « langoroana » ou tambour apporte la rythmique dans l’expression musicale traditionnelle.
Photo : Ndranto
Les instruments membranophones, que l’on frappe, comprennent, entre autres, le langoroana (tambour). Son cadre cylindrique sur lequel sont tendues des peaux de zébu, est battu avec un ou deux bâtons. Le langoroana est indissociable de l’ampongabe, littéralement grand tambour. On distingue également le hazolahy, tambourin sacré. Tous ces instruments apportent la rythmique dans l’expression musicale traditionnelle.
ET DES AEROPHONES
Fabriqué à partir d’un grand coquillage, l’angaroha (trompe royale en coque marine) que l’on souffle, produit un son très aigu. Ce qui fut autrefois un instrument utilisé essentiellement par les souverains est de nos jours en voie de disparition. L’anjomara (trompe à manche longue), fusion de l’arabe « zamr » et du swahili « zomai », fut, à l’instar de l’angaroha, très utilisé au temps des rois.
Rahoto Frah Madagascar Sodina
Rakoto Frah
Photo : Dadou
Le sodina (flûte) figure parmi les plus célèbres des instruments traditionnels malgaches. L’histoire fait remonter son origine au temps d’Andriamanelatra. Ce dernier fut chargé par Zanahary (Dieu) de se rendre sur terre pour demander aux humains ce dont ils avaient besoin. Pour éviter le va-et-vient, Andriamanelatra leur suggéra de fabriquer un outil à l’aide duquel ils pourraient envoyer leur message à Dieu. Cette magie se perpétue aujourd’hui dans la popularité incontestable de cet instrument auprès même des jeunes. Le légendaire Rakoto Frah y est évidemment pour quelque chose !
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